Après plus de 30 ans de bons et loyaux services, les TGV postaux ont définitivement tiré leur révérence le samedi 27 juin 2015, mettant fin à plus d'un siècle et demi de collaboration entre
l'administration postale et le chemin de fer.
C'est en 1982 que la Poste, séduite par la formule du TGV, décide de se doter de ce type de matériel pour ses acheminements rapides.
Deux rames sont alors commandées.
Composées de deux motrices encadrant huit remorques dotées chacune d'une grande porte latérale par face, elles peuvent emmener 250 conteneurs spécifiques chargés de courrier et de
colis.
En fait, ce sont cinq demi-rames, numérotées 901 à 905, appelées tronçons, qui seront livrées afin d'assurer la réserve.
Affectées au dépôt de Paris-Sud-Est, elles entreront en service à compter du 1er octobre 1984.
Chaque jour, elles effectueront deux allers retours entre Paris-Charolais et Lyon-Montrochet, où un entrepôt a été spécialement aménagé. L'une des deux relations marque un arrêt à Mâcon-Loché,
où une plate-forme spécifique a également été créée sur le raccordement de service joignant la ligne à grande vitesse à la ligne classique.
Le 7 novembre 1994, un nouveau centre de tri est mis en service à Cavaillon.
En conséquence, Lyon-Montrochet est abandonné et la nouvelle desserte se compose désormais de quatre relations quotidiennes au départ de la capitale : deux vers Cavaillon et deux vers
Mâcon.
Cela nécessite l'emploi d'une rame supplémentaire, obtenue par la transformation de la rame Sud-Est de première classe n° 38, qui deviendront les tronçons postaux n° 906 et
907.
En 2003, les numéros d'exploitation des rames changent selon le schéma suivant :
- Rame 951 : motrices 923-001 et 923-006 (ex-tronçons 901 et 906)
- Rame 952 : motrices 923-003 et 923-005 (ex-tronçons 903 et 905)
- Rame 953 : motrices 923-004 et 923-007 (ex-tronçons 904 et 907)
- Rame 954 : motrice 923-002 (ex-tronçon 902) ; demi-rame assurant la réserve.
En 2006, une nouvelle livrée, comportant des logos de la Poste bien plus visibles, fait son apparition.
Dans le même temps, la desserte de la façade Atlantique est évoquée. Mais l'idée est rapidement abandonnée en raison de la chute du nombre de lettres prioritaires à expédier, phénomène accentué
par le développement de la messagerie électronique et le succès de la "lettre verte", livrée en deux jours.
Le volume de courrier transporté ne cessant de diminuer, l'aller-retour ¨Paris - Cavaillon de jour est supprimé en 2009.
Depuis, il ne restait que trois rotations journalières, une sur Cavaillon, deux sur Mâcon, ce qui permettait aux rames postales d'effectuer des parcours mensuels moyens de 17 600 km, soit un
total d'environ 8 500 000 km depuis leur mise en service en 1984.
Mais la chute des volumes de courrier transportés se poursuivant, il a été décidé d'arrêter définitivement le service des TGV postaux le samedi 27 juin 2015.
Cela a entraîné la fermeture du centre de tri de Paris-Charolais, remplacé par un nouvel entrepôt à Bonneuil-sur-Marne, regroupant le courrier vers l'ensemble du territoire.
A l'avenir, il est envisagé d'expédier le courrier par caisses mobiles, soit au moyen de trains de fret classiques, soit par camions, selon les destinations. Mais rien n'est encore décidé au
sujet de l'avenir du transport ferroviaire dans le domaine du transport de courrier.
La Poste souhaiterait revendre les rames, mais au vu de leur architecture spéciale, elles seront plus probablement ferraillées.
Pierre BAZIN